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et de conduire aux galères tous ceux qui avaient échappé par la fuite. Ce crime provoqua d’affreuses représailles[1]. Les Juifs se formèrent en bandes et se mirent de leur côté à massacrer les Syriens dans les villes de Philadelphie, d’Hésébon, de Gérase, de Pella, de Scythopolis ; ils ravagèrent la Décapole et la Gaulonitide, mirent le feu à Sébaste et à Ascalon, ruinèrent Anthédon et Gaza. Ils brûlaient les villages, tuaient tout ce qui n’était pas Juif. Les Syriens de leur côté tuaient tous les Juifs qu’ils rencontraient. La Syrie méridionale était un champ de carnage ; chaque ville était divisée en deux armées, qui se faisaient une guerre sans merci ; les nuits se passaient dans la terreur. Il y eut des épisodes atroces. À Scythopolis, les Juifs combattirent avec les habitants païens contre leurs coreligionnaires envahisseurs ; ce qui ne les empêcha pas d’être ensuite massacrés par les Scythopolitains.

Les boucheries de Juifs reprirent avec une nouvelle violence à Ascalon, à Acre, à Tyr, à Hippos, à Gadare. On emprisonnait ceux qu’on ne tuait pas. Les scènes d’enragés qui se passaient à Jérusalem faisaient voir en tout Juif une sorte de fou dangereux dont il fallait prévenir les actes de fureur.

  1. Jos., B. J., II, xviii, 1 et suiv. ; Vita, 6, 65.