Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il était écrit que l’armée romaine ne rentrerait dans Jérusalem qu’à travers l’incendie et la mort.

La retraite de Florus était loin, cependant, de créer une rupture déclarée entre la ville et l’autorité romaine. Agrippa II et Bérénice étaient en ce moment à Jérusalem. Agrippa fit des efforts consciencieux pour calmer les esprits ; tous les modérés se joignirent à lui ; on usa même de la popularité de Bérénice, dans laquelle l’imagination du peuple croyait voir revivre sa bisaïeule, Mariamne l’Asmonéenne. Pendant qu’Agrippa haranguait la foule dans le xyste, la princesse se montra sur la terrasse du palais des Asmonéens, qui dominait le xyste. Tout fut inutile. Les hommes sensés représentaient que la guerre serait la ruine certaine de la nation ; on les traita de gens de peu de foi. Agrippa, découragé ou effrayé, quitta la ville, et se retira dans ses domaines de Batanée. Une bande des plus ardents partit sur-le-champ, et s’empara par surprise de la forteresse de Masada[1], située sur le bord de la mer Morte, à deux journées de Jérusalem, et presque inexpugnable[2].

C’était là un acte d’hostilité bien caractérisé. Dans

  1. Saulcy, Voy. autour de la mer Morte, I, p. 199 et suiv. ; pl. xi, xii, xiii ; Rey, Voy. dans le Haouran, p. 284 et suiv. ; pl. xxv et xxvi.
  2. Jos., B. J., II, ch. xiv-xvii.