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et les Juifs arriva bientôt au dernier degré de l’exaspération. Les Juifs lui étaient devenus insupportables par leur susceptibilité, leur habitude de se plaindre pour des vétilles et le peu de respect qu’ils témoignaient aux autorités civiles et militaires ; mais il paraît que, de son côté, il prenait plaisir à les narguer et qu’il en faisait parade. Le 16 et le 17 mai de l’an 66, une collision eut lieu entre ses troupes et les Hiérosolymites pour des motifs assez futiles. Florus se retira à Césarée, ne laissant qu’une cohorte dans la tour Antonia. Ce fut là un acte très-blâmable. Un pouvoir armé doit à une ville qu’il occupe, et où se manifeste une révolte populaire, de ne l’abandonner à ses propres fureurs qu’après avoir épuisé tous ses moyens de résistance. Si Florus fût resté dans la ville, il n’est nullement probable que les Hiérosolymites l’eussent forcé, et tous les malheurs qui suivirent auraient été évités. Florus une fois parti,

    Josèphe est partial contre Gessius Florus. Josèphe écrit ad probandum. Son système est : 1o que la guerre a été amenée (notez τὸν πόλεμον ὁ καταναγκάσας ἠμᾶς ἄρασθαι… ὅσα δρᾶν ἠναγκάσθημεν, Ant. XX, xi, 1) par les excès de Florus ; 2o que cette guerre a été non l’œuvre de la nation, mais le fait d’une bande de brigands et d’assassins, qui terrorisaient la nation. Il faut se défier des mensonges que ce système lui fait commettre. Cependant, en ce qui concerne Florus, Tacite (Hist., V, 9, 10) paraît d’accord avec Josèphe. Il fait peser au moins une grande responsabilité sur les procurateurs.