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croyaient souillés par le contact des païens, ceux qui cherchèrent pour eux la séparation, la société à part. Le fanatisme a créé les chaînes, et les chaînes ont redoublé le fanatisme. La haine engendre la haine, et il n’y a qu’un seul moyen pour sortir de ce cercle fatal, c’est de supprimer la cause de la haine, ces séparations injurieuses qui, d’abord voulues et cherchées par les sectes, deviennent ensuite leur opprobre. À l’égard du judaïsme, la France moderne a résolu le problème. En abaissant toutes les barrières légales qui entouraient l’Israélite, elle a enlevé au judaïsme ce qu’il avait d’étroit et d’exclusif, je veux dire ses pratiques et sa vie séquestrée, si bien qu’une famille juive transportée à Paris cesse à peu près de mener la vie juive au bout d’une ou deux générations.

Il serait injuste de reprocher aux Romains du premier siècle de n’avoir point agi de la sorte. Il y avait opposition absolue entre l’empire romain et le judaïsme orthodoxe. C’étaient les juifs qui le plus souvent étaient insolents, taquins, agresseurs. L’idée d’un droit commun, que les Romains portaient en germe avec eux, était antipathique aux stricts observateurs de la Thora. Ceux-ci avaient des besoins moraux en totale contradiction avec une société purement humaine, sans nul mélange de théocratie, comme