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sareth intéressaient peu cette école, et il semble, qu’elle ne les connaissait guère ; ce qu’elle voyait au premier plan, c’était le sacrifice du fils de Dieu s’immolant pour l’expiation des péchés du monde. Idées bizarres, qui, relevées plus tard dans toute leur rigueur par le calvinisme, devaient faire gravement dévier la théologie chrétienne de l’idéal évangélique primitif ! Les Évangiles synoptiques, qui sont la partie vraiment divine du christianisme, ne sont pas l’œuvre de l’école de Paul. Nous les verrons bientôt éclore de la douce petite famille qui conservait encore en Judée les vraies traditions sur la vie et la personne de Jésus.

Mais ce qu’il y a d’admirable dans les origines du christianisme, c’est que ceux qui tiraient le plus obstinément le char en sens contraire étaient ceux qui travaillaient le mieux pour le faire avancer. L’Épître aux Hébreux marque définitivement, dans l’histoire de l’évolution religieuse de l’humanité, la disparition du sacrifice, c’est-à-dire de ce qui avait fait jusque-là l’essence de la religion. Pour l’homme primitif, le dieu est un être très-puissant, qu’il faut apaiser ou corrompre. Le sacrifice venait de la peur ou de l’intérêt. Pour gagner le dieu[1], on lui offrait

  1. « Tenui propano corruptus Osiris. »