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ou janvier 69, donne ordre à son peuple de quitter Rome[1]. Même en faisant dans ce passage la part de la fiction prophétique, il est difficile de n’en pas conclure que l’Église de Rome reprit vite son importance. Seuls, les chefs abandonnèrent définitivement une ville où pour le moment leur apostolat ne pouvait porter de fruits.

Le point du monde romain où la vie était alors le plus supportable pour les juifs était la province d’Asie. Il y avait entre la juiverie de Rome et celle d’Éphèse des communications perpétuelles[2]. Ce fut de ce côté que se dirigèrent les fugitifs. Éphèse va être le point où le ressentiment des événements de l’an 64 sera le plus vif. Toutes les haines de Rome vont y être concentrées ; de là partira dans quatre ans l’invective furibonde par laquelle la conscience chrétienne répondra aux atrocités de Néron.

Il n’y a pas d’invraisemblance à placer parmi les notables chrétiens qui sortirent de Rome, pour échapper aux rigueurs de la police, l’apôtre que nous avons vu suivre en tout la destinée de Pierre. Si les récits relatifs à l’incident qu’on plaça plus tard près de la porte Latine ont quelque vérité, il est permis de supposer que l’apôtre Jean, échappé au

  1. Apoc., xviii, 4.
  2. Nous l’avons montré à propos d’Aquila et de Priscille.