Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jacques était mort, il y avait un peu plus de deux ans. Des « apôtres-colonnes », il ne restait donc plus que Jean. D’autres amis de Jésus vivaient sans doute encore à Jérusalem, mais oubliés et comme perdus dans le sombre tourbillon où la Judée allait être plongée durant plusieurs années.

Nous montrerons dans le livre suivant de quelle manière l’Église consomma entre Pierre et Paul une réconciliation que la mort avait peut-être ébauchée. Le succès était à ce prix. En apparence inalliables, le judéo-christianisme de Pierre et l’hellénisme de Paul étaient également nécessaires au succès de l’œuvre future. Le judéo-christianisme représentait l’esprit conservateur, sans lequel il n’y a rien de solide ; l’hellénisme, la marche et le progrès, sans quoi rien n’existe véritablement. La vie est le résultat d’un conflit entre des forces contraires. On meurt aussi bien par l’absence de tout souffle révolutionnaire que par l’excès de la révolution.