Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.

éléments fondamentaux de toute une topographie ecclésiastique, dont le résultat fut la consécration du Vatican et la désignation de cette colline pour une destinée religieuse de premier ordre.

Quoique l’affaire eût été particulière à la ville de Rome, et qu’il s’agît avant tout d’apaiser l’opinion publique des Romains, irrités de l’incendie, l’atrocité commandée par Néron dut avoir des contre-coups dans les provinces et y exciter une recrudescence de persécution[1]. Les Églises d’Asie Mineure notamment furent gravement éprouvées[2], les populations païennes de ces contrées étaient promptes au fanatisme[3]. Il y eut des emprisonnements à Smyrne[4]. Pergame eut un martyr, qu’on nous désigne par le nom d’Antipas[5], lequel paraît avoir souffert près

  1. Suétone (Néron, 16) et Tertullien (Ad nat., I, 7) s’expriment d’une façon générale.
  2. Apoc., i, ii et iii, vi, 11, et peut-être xx, 4 (les martyrs de Rome ne périrent point par la hache). Si l’auteur de l’Apocalypse n’a pas été à Rome, l’état d’exaltation où il est prouvé que la persécution fut très-forte en Asie. Lui-même a souffert (i, 9). Mais nous croyons que l’auteur de l’Apocalypse a été à Rome.
  3. Mart. Polyc., 3 et suiv., 12. Cf. Act., xix, 23 et suiv.
  4. Apoc., ii, 9-10. Cf. Mart. Polyc., 17-18.
  5. Apoc. ii, 13. Voir ci-après, p. 365. L’habitude qu’a l’auteur de l’Apocalypse de se servir de noms symboliques ou anagrammatiques répand beaucoup d’incertitude sur ce nom ; mais il n’est pas douteux qu’il n’y ait là-dessous un martyr.