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côtés dans la ville on conçut des soupçons[1]. La secte, à cette époque, était fort connue dans le monde officiel. On en parlait beaucoup[2]. Nous avons vu que Paul avait des relations avec des personnes attachées au service du palais impérial[3]. Une chose bien extraordinaire, c’est que, parmi les promesses que certaines personnes avaient faites à Néron, pour le cas où il viendrait à être destitué de l’empire, était celle de la domination de l’Orient et nommément du royaume de Jérusalem[4]. Les idées messianiques prenaient souvent chez les juifs de Rome la forme de vagues espérances d’un empire romain oriental ; Vespasien profita plus tard de ces imaginations[5]. Depuis l’avènement de Caligula jusqu’à la mort de Néron, les cabales juives ne cessèrent pas à Rome[6]. Les juifs avaient beaucoup contribué à l’avènement et au maintien de la famille de Germanicus. Soit par les Hérodes, soit par d’autres intrigants, ils

  1. Dion Cassius, LXII, 18 (τοῖς τὴν πόλιν ἐμπρήσασι καταρώμενοι).
  2. « Cum maxime Romæ orientem. » Tertullien, Apolog., 5.
  3. Phil., iv, 22.
  4. Suétone, Néron, 40. Cf. Tacite, Ann., XV, 36.
  5. Tacite, Hist., I, 10 ; V, 13 ; Suét., Vesp., 4. Cf. Jos., B. J., III, viii, 9 ; Talm. de Bab., Gittin, 56 a.
  6. Notez l’importance des juifs aux yeux de Martial, de Perse et de Juvénal. Voyez surtout Perse, v, 179 et suiv.