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mis, dit-on, par des hommes feignant l’ivresse. La conflagration avait eu l’air de naître simultanément sur plusieurs points à la fois. On raconta que, pendant l’incendie, on avait vu les soldats et les veilleurs chargés de l’éteindre l’attiser et empêcher les efforts qu’on faisait pour le circonscrire, tout cela avec un air de menace et à la façon de gens qui exécutent des ordres officiels[1]. De grosses constructions de pierre, voisines de la demeure impériale, et dont Néron convoitait l’emplacement, furent renversées comme dans un siège. Lorsque le feu reprit, il commença par des bâtiments qui appartenaient à Tigellin. Ce qui confirma les soupçons, c’est qu’après l’incendie, Néron, sous prétexte de nettoyer les ruines à ses frais pour laisser la place libre aux propriétaires, se chargea d’enlever les démolitions, si bien qu’il ne fut permis à personne d’en approcher. Ce fut bien pis, quand on le vit tirer bon parti des ruines de la patrie, quand on vit le nouveau palais de Néron, cette « Maison d’or » qui était depuis longtemps le jouet de son imagination en délire, se relever sur l’emplacement de l’ancienne résidence provisoire, agrandi des espaces que l’in-

  1. Peut-être étaient-ce des malfaiteurs, augmentant le désastre pour profiter du pillage.