Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sûrement exagérée, puisque, comme nous le montrerons, Néron était absent de la ville quand le feu se déclara ; cependant cette version n’est pas dénuée de toute vérité ; le démon des drames pervers, qui s’était emparé de lui, fut, comme chez les scélérats d’une autre époque, un des acteurs essentiels de l’horrible attentat.

Le 19 juillet de l’an 64, le feu prit à Rome avec une violence extrême[1]. Il commença près de la porte Capène, dans la partie du Grand Cirque contiguë au mont Palatin et au mont Cælius. Ce quartier renfermait beaucoup de boutiques, pleines de matières inflammables, où l’incendie se répandit avec une prodigieuse rapidité. De là, il fit le tour du Palatin, ravagea le Vélabre[2], le Forum, les Ca-

    porté par Dion Cassius (LXII, 16) fut dit sans doute dans le feu roulant des paradoxes littéraires, et ne doit pas être pris trop au sérieux. Des conversations de gens de talent, racontées par des domestiques ou des philistins qui écoutent aux portes, peuvent sortir de là bien transformées.

  1. Tacite, Ann., XV, 38-44, 52 ; Suétone, Néron, 31, 38, 39 ; Vesp., 8 ; Dion Cassius, LXII, 16-18 ; Pline, Hist. natur., XVII, i (1) ; Eusèbe, Chron., ad ann. 65 ; Orelli, Inscr., no 736, qui paraît bien authentique. Sulpice Sévère (II, 29) copie Tacite presque textuellement. Orose (VII, 7) copie principalement Suétone.
  2. Le temple d’Hercule mentionné par Tacite, Ann., XV, 41, était sur l’emplacement de l’église actuelle de Sainte-Anastasie, La Regia et le temple de Vesta étaient également au pied du Palatin.