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à l’étroit, et n’avait pas assez de railleries pour ses prédécesseurs, qui s’étaient contentés de si peu. Il se fit ébaucher en matériaux provisoires une résidence qui égalait les palais de la Chine et de l’Assyrie. Cette maison, qu’il appelait « transitoire » et qu’il méditait de rendre bientôt définitive, était tout un monde. Avec ses portiques de trois milles de long, ses parcs où paissaient des troupeaux, ses solitudes intérieures, ses lacs entourés de perspectives de villes fantastiques, ses vignes, ses forêts, elle couvrait un espace plus grand que le Louvre, les Tuileries et les Champs-Elysées réunis[1] : elle s’étendait depuis le Palatin jusqu’aux jardins de Mécène, situés sur les hauteurs des Esquilies[2]. C’était une vraie féerie ; les ingénieurs Sévère et Celer s’y étaient surpassés. Néron voulait la faire exécuter de telle sorte qu’on put l’appeler « la Maison d’or ». On le charmait en l’entretenant de folles entreprises qui pussent éterniser sa mémoire[3]. Rome surtout le préoccupait. Il voulait la rebâtir de fond en comble et qu’elle s’appelât Néropolis.

  1. Suétone, Néron, 31 ; Tacite, Ann., XV, 39, 42 ; Pline, XXXIII, iii (16) ; XXXVI, xv (24).
  2. Vers l’église Saint-Eusèbe.
  3. Suétone, Néron, 16, 31 ; Tacite, Ann., XV, 42, 46 ; Pline, H. N., IV, iv (5) ; XIV, vi (8).