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premier l’admirable paysage de Subiaco et s’y fit une délicieuse résidence d’été. Son esprit, dans l’observation des choses naturelles, était juste et curieux ; il avait le goût des expériences, des nouvelles inventions, des choses ingénieuses[1] ; il voulait savoir les causes, et démêla très-bien le charlatanisme des sciences prétendues magiques, ainsi que le néant de toutes les religions de son temps[2]. Le biographe que nous citions tout à l’heure nous a conservé le récit de la manière dont s’éveilla en lui la vocation de chanteur[3]. Il dut son initiation au cithariste le plus renommé du siècle, à Terpnos. On le vit passer des nuits entières assis à côté du musicien, étudiant son jeu, perdu dans ce qu’il entendait, suspendu, haletant, enivré, respirant avidement l’air d’un autre monde qui s’ouvrait devant lui au contact d’un grand artiste. Ce fut là aussi l’origine de son dégoût pour les Romains, en général faibles connaisseurs, et de sa préférence pour les Grecs, selon lui seuls capables de l’apprécier, et pour les Orientaux, qui l’applaudissaient à tout rompre. Dès lors, il n’ad-

  1. Sénèque, Quæst. nat., VI, 8 ; Pline, H. N., XI, xlix (109) ; XIX, iii (15) ; XXXVII, iii (11).
  2. Suétone, Néron, 56 ; Pline, XXX, ii (5) ; Pausanias, II, xxxvii, 5.
  3. Suétone, Néron, 20.