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l’agneau pascal[1] ; un des symbolismes les plus essentiels de l’art chrétien était en germe dans ces figures. Une telle imagination, qui frappait tant François d’Assise et le faisait pleurer, venait de ce beau passage où le second Isaïe, décrivant l’idéal du prophète d’Israël (l’homme de douleur), le montre comme une brebis que l’on conduit à la mort et qui n’ouvre pas la bouche devant celui qui la tond[2].

Ce modèle de soumission, d’humilité, Pierre en fait la loi de toutes les classes de la société chrétienne. Les anciens doivent gouverner leur troupeau avec déférence, en évitant les airs de commandement ; les jeunes doivent être soumis aux anciens[3] ; la femme surtout, sans faire la prêcheuse, doit être, par le charme discret de sa piété, le grand missionnaire de la foi.

Et vous, femmes, semblablement, soyez soumises à vos maris, afin que ceux d’entre eux qui seraient rebelles à la prédication soient gagnés, en dehors de la prédication, par la considération de votre vie pure et timorée. Cherchez non la parure du dehors, qui consiste dans des cheveux entrelacés avec art, des bijoux d’or, de riches vêtements, mais

  1. Jean, xix, 36 ; Justin, Dial. cum Tryph., 40.
  2. Is., liii, 7.
  3. I Petri, v, l-5.