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haute signification dogmatique ; il y tenait beaucoup[1]. Il s’agissait de pouvoir dire que la bonne nouvelle avait touché l’extrémité de l’Occident, de prouver que l’Évangile était accompli, puisqu’il avait été entendu au bout du monde[2]. Cette façon d’exagérer un peu l’étendue de ses voyages était familière à Paul[3]. L’idée générale des fidèles était qu’avant l’apparition du Christ, le royaume de Dieu devait avoir été prêché partout[4]. D’après la manière de parler

    évangélisé « toutes les nations » (iv, 17). Ces nouveaux voyages ne se firent pas du côté de l’Orient (Act., xx, 25). — Cf. saint Épiphane, hær. xxvii, 6 ; saint Athanase, Epist. ad Dracontium, 0pp., t. I, 1re partie, p. 265 (Paris, 1698) ; saint Jean Chrysostome, 0pp., t. VII, p. 725 ; XI, p. 724 ; Théodoret, in Phil., i, 25, et in II Tim., iv, 17 ; Hippolyte de Thèbes, De duodecim apost. (dans Gallandi, Bibl. patrum, vol. XIV, p. 117). Tous ces passages prouvent peu de chose, car ils reposent non sur une tradition directe, mais sur une interprétation de Rom., xv, 28. Eusèbe ne veut rien savoir d’un tel épisode. En général, la tradition du voyage de Paul en Espagne a été frappée, dans l’opinion ecclésiastique du iiie et du IVe siècle, d’une sorte de défaveur, parce qu’on a préféré a priori la version d’après laquelle saint Paul mourait martyr avec saint Pierre à Rome, et que le voyage d’Espagne semblait contredire cette version.

  1. Comp. saint Ignace, Ad Rom., 2.
  2. Apoc., xiv, 6. Comp. Méliton, De veritate, p. xl, lignes 18-19 (Spicil. Sol., t. II).
  3. V. Saint Paul, p. 492-495.
  4. Καὶ κηρυχθήσεται τοῦτο τὸ εὐαγγέλιον τῆς βασιλείας ἐν ὅλῃ τῇ οἰκουμένῃ εἰς μαρτύριον πᾶσιν τοῖς ἔθνεσιν· καὶ τότε ἥξει τὸ τέλος. Matth., xxiv, 14.