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indices, d’ailleurs, prouvent que Paul, avant de mourir, exécuta encore une série de voyages apostoliques et de prédications, mais non dans les pays de Grèce et d’Asie qu’il avait déjà évangélisés[1].

Il y a cinq ans, peu de mois avant son arrestation, Paul, écrivant de Corinthe aux fidèles de Rome, leur annonçait l’intention d’aller en Espagne. Il ne voulait pas, disait-il, exercer chez eux son ministère ; c’est seulement en passant qu’il comptait les voir et jouir d’eux quelque temps ; puis ils lui feraient la conduite et faciliteraient son voyage vers les pays situés au delà[2]. Le séjour de l’apôtre à Rome était ainsi subordonné à un apostolat lointain, lequel paraissait

    montrer les Romains favorables au christianisme et de prouver que celui-ci a des antécédents qui établissent sa légalité, n’eût pas manqué de le dire, et eût continué son récit. Nous montrerons bientôt que Clément Romain, la deuxième Épître à Timothée et le Canon de Muratori supposent dans la vie de Paul des voyages postérieurs à sa captivité. Cf. Eusèbe, H. E., II, 22 ; saint Jérôme, De viris ill., 5 ; Euthalius, dans Zaccagni, Coll. monum. vel. Eccl. gr., p. 531 et suiv., témoignages faibles, sans doute, puisqu’ils ne reposent sur aucune tradition directe, et qu’on y sent un système ayant pour base l’authenticité des Épîtres à Timothée et de l’Épître à Tite.

  1. Act., xx, 25, exclut tout retour de Paul dans les pays qu’il avait visités. L’auteur des Actes connaissait bien la suite de la vie de Paul, et ne lui eût pas prêté un langage erroné.
  2. Rom., xv, 24, 28.