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peine séparée. Maintenant, le chrétien a de quoi haïr. En face de Jésus, se dresse un monstre qui est l’idéal du mal, de même que Jésus est l’idéal du bien. Réservé comme Hénoch, comme Élie, pour jouer un rôle dans la tragédie finale de l’univers, Néron complète la mythologie chrétienne, inspire le premier livre saint du nouveau canon, fonde par un hideux massacre la primauté de l’Église romaine, et prépare la révolution qui fera de Rome une ville sainte, une seconde Jérusalem. En même temps, par une de ces coïncidences mystérieuses qui ne sont point rares aux moments des grandes crises de l’humanité, Jérusalem est détruite, le temple disparaît ; le christianisme, débarrassé d’une attache devenue gênante pour lui, s’émancipe de plus en plus, et suit, en dehors du judaïsme vaincu, ses propres destinées.

Les dernières épîtres de saint Paul, l’épître aux Hébreux, les épîtres attribuées à Pierre et à Jacques, l’Apocalypse, sont, parmi les écrits canoniques, les documents principaux de cette histoire. La première épître de Clément Romain, Tacite, Josèphe, nous fourniront aussi des traits précieux. Sur une foule de points, notamment sur la mort des apôtres et les relations de Jean avec l’Asie, notre tableau restera dans le demi-jour ; sur d’autres, nous pourrons con-