Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

monde barbare ni au monde persan ; le monde arabe lui-même existe à peine pour eux. Les missions de saint Thomas chez les Parthes, de saint André chez les Scythes, de saint Barthélemi dans l’Inde appartiennent à la légende. L’imagination chrétienne des premiers temps se tourne peu vers l’Est ; le but des pérégrinations apostoliques était l’extrémité de l’Occident[1] ; à l’Orient, on dirait que les missionnaires regardent déjà le terme comme atteint.

Édesse entendit-elle dès le premier siècle le nom de Jésus ? Y eut-il dès cette époque du côté de l’Osrhoène une chrétienté parlant syriaque ? Les fables dont cette Église a entouré son berceau ne permettent pas de s’exprimer sur ce point avec certitude[2]. Il est

  1. V. Saint Paul, p. 493 et suiv.
  2. La liste régulière des évêques d’Édesse commence vers l’an 300. V. Assémani, Bibl. or., I, p. 424 et suiv. Ce qu’on lit dans Cureton, Ancient syriac documents relative to the earliest establishment of christianity in Edessa (Londres, 1864), p. 23, 61, 71-72, est plein d’anachronismes et de contradictions. Tout ce qui concerne l’apostolat de Thaddée ou Adée (ce deuxième nom n’est qu’une altération du premier) et le christianisme de l’Abgar Uchamas est apocryphe et fabuleux. Le faux Leboubna d’Édesse, dans Cureton, ouvr. cité, p. 6-23 (cf. ibid., 108-112) ; le même, traduit de l’arménien, publié par Alishan (Venise, 1868), et dans V. Langlois, Coll. des hist. de l’Arm., I, p. 313 et suiv. (cf. Cureton, p. 166). Comp. Moïse de Khorène, Hist. d’Arm., II, ch. 26-36 ; Faustus de Byzance, III, 1 ; Généal. de la fam. de saint Grég., 1 (Langlois, Coll.