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lents, amis des Romains, prenant les emplois lucratifs pour eux et leur famille, et les prêtres pauvres, soutenus par le peuple. C’étaient tous les jours des rixes sanglantes. L’impudence et l’audace des familles pontificales alla jusqu’à envoyer leurs gens sur les aires pour enlever les dîmes qui appartenaient au haut clergé ; ils battaient ceux qui refusaient ; les pauvres prêtres étaient dans la misère[1]. Qu’on se figure les sentiments de l’homme pieux, du démocrate juif, riche des promesses de tous les prophètes, maltraité dans le temple (sa maison !) par les laquais insolents de prêtres épicuriens et incrédules ! Les chrétiens groupés autour de Jacques faisaient cause commune avec ces opprimés, qui probablement étaient comme eux de saintes gens (hasidim), très-agréables au peuple. La mendicité semblait devenue une vertu et le signe du patriotisme. Les classes riches étaient amies des Romains, et, à vrai dire, la grande fortune dépendant des Romains, on ne pouvait guère y arriver que par une sorte d’apostasie et de trahison. Haïr les riches était ainsi une marque de piété. Forcés pour ne pas mourir de faim de travailler à ces constructions des Hérodiens, où ils ne voyaient qu’un pompeux étalage de vanité, les hasidim se con-

  1. Jos., Ant., XX, viii, 8 ; ix, 2.