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senter Jésus sous la forme d’un homme à tête d’âne était déjà peut-être établie[1].

Personne ne doute aujourd’hui que ces accusations de crimes et d’infamie ne fussent calomnieuses ; mille raisons portent même à croire que les directeurs de l’Église chrétienne ne donnèrent pas le moindre prétexte au mauvais vouloir qui allait bientôt amener contre eux de si cruelles violences. Tous les chefs des partis qui divisaient la société chrétienne étaient d’accord sur l’attitude à garder envers les fonction-

  1. M. de Rossi (Bull., 1864, p. 72) croit avoir lu sur les murs d’une salle de Pompéi qui lui semble avoir servi à des réunions chrétiennes : Mulus hic muscellas docuit (V. Zangemeister, Inscr. parietariæ, no 2016 : musciillas). Comp. la pierre gravée publiée par Stefanone (Gemmæ, Venise, 1646, tab. xxx), représentant un âne faisant le maître d’école devant quelques enfants respectueusement inclinés (republiée par Fr. Münter, Primordia Ecclesiæ africanæ, Hafniæ, 1829, p. 218 [cf. p. 167 et suiv.], et par F.-X. Kraus, Das Spott-crucifix vom Palatin, Vienne, 1869, traduit par Ch. de Linas, Arras, 1870). Le musée de Luynes (Bibl. nat., cabinet des antiques, terres cuites, no  779) possède une terre cuite, provenant de Syrie, qui semble représenter Jésus en caricature, sous la forme d’un petit homme à longue robe, tenant un livre ; grosse tête d’âne, longues oreilles, yeux auxquels on a voulu donner une expression mystique et doucereuse, détail obscène. Comp. aussi le crucifix grotesque du Palatin (Garrucci, Il crocifisso graffito, Rome, 1837 ; Kraus-Linas précité ; Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1870, p. 32-36 : les doutes de la page 36 se sont fortifiés pour nous). Voir Tertullien, Apol., 16; Minutius Félix, 9, 28 Celse, dans Origène, Contra Celsum, VI, 31.