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simple question d’origine indépendante des mérites personnels du croyant.

Un fait pourtant qui a sa gravité, et qui porterait à croire que les bons rapports ne se rétablirent pas entre les deux apôtres, c’est que, dans le souvenir de la génération suivante, Pierre et Paul sont les chefs de partis opposés au sein de l’Église ; c’est que l’auteur de l’Apocalypse, le lendemain de la mort des apôtres, au moins de la mort de Pierre, est, de tous les judéo-chrétiens, le plus haineux contre Paul[1]. Paul se regardait comme le chef des païens convertis partout où il y en avait ; c’était là son interprétation du pacte d’Antioche ; les judéo-chrétiens l’entendaient évidemment d’une façon différente. Il est probable que ce dernier parti, qui avait toujours été très-fort à Rome, tira de l’arrivée de Pierre une grande cause de prépondérance. Pierre devint son chef et le chef de l’Église de Rome. Or le prestige sans égal de Rome donnait à un pareil titre la plus grande importance. On voyait quelque chose de providentiel dans le rôle de cette ville extraordinaire[2]. Par suite de la réaction qui se produisait contre Paul, Pierre devenait de plus en plus, en vertu d’une

  1. Voir Saint Paul, p. 367 et suiv. Notez surtout Apoc., xxi, 14, qui exclut Paul du nombre des apôtres.
  2. Voir l’Apocalypse tout entière.