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brillante culture. Les sommets boisés des montagnes de Daphné ferment l’horizon du côté du sud. Ce pays n’est déjà plus la Syrie[1]. On est ici en terre classique, riante, fertile, civilisée. Tous les noms rappellent la puissante colonie grecque qui donna à ces contrées une si haute importance historique et y fonda un centre d’opposition parfois violente contre l’esprit sémitique.

Séleucie[2] était le port d’Antioche et la grande issue de la Syrie septentrionale vers l’occident. La ville était assise en partie dans la plaine, en partie sur des hauteurs abruptes, vers l’angle que font les alluvions de l’Oronte avec le pied du Coryphée[3], à environ une lieue et demie au nord de l’embouchure du fleuve. C’est là que s’embarquait chaque année cet essaim d’êtres corrompus, nés d’une pourriture séculaire, qui venait s’abattre sur Rome et l’infecter[4]. Le culte dominant était celui du mont Casius, beau sommet d’une forme régulière, situé de l’autre côté de l’Oronte

  1. La limite naturelle de la Syrie est le mont Casius.
  2. L’emplacement de la ville est maintenant désert. Il reste de belles ruines et d’admirables travaux dans le roc. V. Ritter, Erdkunde, XVII, p. 1233 et suiv. ; Études de théol., de phil. et d’hist., publiées par des PP. de la Soc. de Jésus, septembre 1860.
  3. Prolongement de l’Amanus.
  4. Juvénal, iii, 62 et suiv.