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propres ? Au premier et au second siècle, les auteurs d’apocryphes avaient presque tous un intérêt dogmatique ; on interpolait les écrits apostoliques en vue d’une doctrine ou d’une discipline à établir. Nous croyons pouvoir proposer une hypothèse plus satisfaisante que celle de Baur. Selon nous, l’épître dite aux Romains, 1o n’a pas été adressée tout entière aux Romains, 2o n’a pas été adressée aux seuls Romains.

Saint Paul, en avançant dans sa carrière, avait pris le goût des épîtres encycliques[1], destinées à être lues dans plusieurs Églises[2]. Nous supposons que le fond de l’épître aux Romains fut une encyclique de ce genre. Saint Paul, au moment de sa pleine maturité, l’adresse à ses plus importantes Églises, au moins à trois d’entre elles, et, par exception, il l’adresse aussi à l’Église de Rome. Les quatre finales tombant aux versets xv, 33 ; xvi, 40 ; xvi, 24 ; xvi, 27, sont les finales des divers exemplaires expé-

  1. Voir Col, iv, 16, et ci-dessus, p. xx et suiv. Il est remarquable que l’auteur de la Ia Petri, lequel fait usage des épîtres de Paul, se sert principalement de l’épître aux Romains et de l’épître aux Éphésiens, c’est-à-dire des deux épîtres qui sont des traités généraux, des catéchèses.
  2. Nous verrons les épîtres dites « catholiques » sortir d’une habitude analogue.