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Paul. Saint Jérôme est du même sentiment ; les Pères de l’Église latine qui refusent de croire que l’épître soit de Paul donnent tous la même raison de leur doute : propter styli sermonisque distantiam[1]. Cette raison est excellente. Le style de l’épître aux Hébreux est, en effet, différent de celui de Paul ; il est plus oratoire, plus périodique ; le dictionnaire présente des mots particuliers. Le fond des pensées n’est pas éloigné des opinions de Paul, surtout de Paul captif ; mais l’exposition et l’exégèse sont tout autres. Pas de suscription nominative, contrairement au constant usage de l’apôtre ; des traits qu’on peut s’attendre à trouver toujours dans une épître de Paul manquent dans celle-ci. L’exégèse est surtout allégorique et ressemble bien plus à celle de Philon qu’à celle de Paul. L’auteur participe de la culture alexandrine. Il ne se sert que de la version dite des Septante ; il fait sur le texte de cette version des raisonnements qui prouvent une complète ignorance de l’hébreu[2] ; sa façon de citer et d’analyser les textes bibliques n’est pas conforme à la méthode de Paul. L’auteur, d’un autre côté, est un Juif ; il

  1. Passages ci-dessus allégués.
  2. Voir surtout x, 5, où le raisonnement se fonde sur une faute de lecture ou de copiste : ηθελησασσωμα pour ηθελησασωτια.