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cause de la foi en la résurrection, foi qui est celle de tous les Israélites, qui donne un mobile à leur piété, un fondement à leurs espérances. Il expliqua par des citations empruntées aux Écritures ses thèses favorites, savoir que le Christ devait souffrir, qu’il devait être le premier ressuscité[1]. Festus, étranger à toutes ces spéculations, prit Paul pour un rêveur, savant homme en son genre, mais égaré et chimérique. « Tu es fou, Paul, lui dit-il ; tes lectures t’ont fait perdre l’esprit. » — Paul invoqua le témoignage d’Agrippa, plus versé dans la théologie juive, connaissant les prophètes, et qu’il supposait instruit des faits relatifs à Jésus. Agrippa répondit d’une manière évasive. Un grain de plaisanterie se mêla, ce semble, à la conversation. « Tu vas, dit Agrippa, me persuader de me faire chrétien… » Paul, avec son esprit ordinaire, se mit au ton de l’assistance, et finit par souhaiter à tous de lui ressembler : « Excepté par ces chaînes, » ajouta-t-il avec une légère ironie.

L’effet de cette séance courtoise, si différente des

  1. Il n’est pas impossible que l’auteur des Actes ait imaginé tout cet épisode pour montrer Paul exposant une fois de plus sa doctrine devant le monde païen. Comparez l’épisode de l’Aréopage (ci-dessus, p. 191 et suiv.) et Act., xxiv, 24-25. Il est difficile cependant que le récit dont il s’agit ici n’ait pas quelque base. Matth., x, 18-19 ; Luc, xii, 11, renferment peut-être une allusion à ces apologies prononcées par l’apôtre devant diverses autorités.