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ample informé et quand il aurait vu Claudius Lysias. En attendant, il ordonna au centurion de traiter Paul avec douceur, c’est-à-dire de le laisser sans chaîne, à l’état de custodia libera[1], et de permettre à ses disciples ainsi qu’à ses amis de s’approcher de lui et de le servir.

Quelques jours après, Félix et Paul se revirent. Drusille, qui était juive, désira, dit-on, entendre l’apôtre exposer la foi chrétienne. Paul parla de la justice, de la continence, du jugement à venir. Tout cela sourit peu à ces catéchumènes d’un genre nouveau. Félix même, à ce qu’il paraît, eut peur : « En voilà assez pour le moment, dit-il à Paul ; je te ferai venir quand il sera temps. » Ayant appris que Paul avait apporté avec lui des valeurs considérables, il espérait tirer de lui ou de ses amis une forte somme pour sa délivrance. Il paraît qu’il le vit plusieurs fois et qu’il chercha à lui suggérer cette idée. Mais l’apôtre ne s’y prêtant pas, Félix voulut au moins recueillir de cette affaire quelque profit pour sa popularité fort ébranlée. Le plus grand plaisir qu’on pût faire aux Juifs était de persécuter ceux qu’ils regardaient comme leurs ennemis. Il retint donc

  1. Voir Freund ou Forcellini, à ce mot ; saint Augustin, In Joh. Evang., tract. xlix, § 9.