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rents à sa race[1]. Or, Paul n’en tenait aucun compte ; il se donnait les mêmes libertés que ses convertis ; il n’était plus juif à aucun degré.

Les premiers frères que les nouveaux venus rencontrèrent le jour de leur arrivée leur firent bon accueil[2]. Mais il est déjà bien remarquable que ni les apôtres ni les anciens ne vinrent au-devant de celui qui, accomplissant les plus hardis oracles des prophètes, amenait les nations et les îles lointaines comme tributaires de Jérusalem. Ils attendirent sa visite avec une froideur plus politique que chrétienne, et Paul dut passer seul, avec quelques humbles frères, la première soirée de son dernier séjour à Jérusalem.

Jacques Obliam était, comme nous l’avons déjà vu, le chef unique et absolu de l’Église de Jérusalem. Pierre était certainement absent, et très-probablement établi à Antioche ; on peut croire que Jean, selon sa coutume[3], l’accompagnait. Le parti judéo-chrétien régnait ainsi sans contre-poids à Jérusalem. Jacques, aveuglé par le respect dont tout le monde l’entourait, fier d’ailleurs du lien de parenté qui l’unissait à Jésus, représentait un principe de conservation et de solennité pesante, une sorte de pa-

  1. Act., xv, 21 ; xxi, 20.
  2. Act., xxi, 17 et suiv.
  3. Act., i, 13 ; iii, 1, 3, 4, 11 ; iv, 13, 19 ; viii, 14.