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de la circoncision formaient la majorité dans l’Église. C’est comme pasteur universel des Églises des gentils, pour confirmer les païens convertis, et non comme fondateur, qu’il voulait paraître dans la capitale de l’empire. Il ne voulait qu’y passer, jouir quelque temps de la compagnie des fidèles, se reposer et s’édifier parmi eux, puis prendre, selon son habitude, de nouveaux compagnons de voyage qui le suivraient dans ses courses ultérieures[1]. Au delà, c’est sur l’Espagne qu’il portait son regard[2]. L’Espagne n’avait pas encore reçu à cette époque d’émigrés israélites[3] ; l’apôtre voulait donc, cette fois, déroger à l’habitude qu’il avait eue jusque-là de suivre la trace des synagogues et des établissements juifs antérieurs. Mais l’Espagne était considérée comme le terme de l’Occident ; de même que Paul se croit autorisé à conclure, de ce qu’il a été en Achaïe et en Macédoine, qu’il a atteint l’Illyrie ; de même, dans sa pensée, quand il aura été en Espagne, on pourra dire avec vérité que le nom de Jésus a été annoncé

  1. Rom., i, 10 et suiv. ; xv, 24, 28, 29, 32 ; Act., xix, 21.
  2. Rom., xv, 24, 28.
  3. L’assertion contraire est une supposition gratuite ou ne repose que sur des documents apocryphes. Voir Jost, Geschichte der Israeliten, V, 12 et suiv. ; Amador de los Rios, Estudios sobre los Judios de España (Madrid, 1848), c. i.