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de ne pas boire de vin[1]. Il faut se rappeler que le christianisme se recrutait chez des personnes très-pieuses, et, comme telles, très-portées aux pratiques de dévotion. En devenant chrétiennes, ces personnes restaient fidèles à leurs anciennes habitudes ; ou plutôt l’adoption du christianisme n’était pour elles qu’un acte de dévotion (religio) de plus. Paul, dans cette nouvelle lettre, demeure fidèle aux excellentes règles de conduite qu’il avait déjà tracées aux Corinthiens[2]. En elles-mêmes, ces pratiques sont parfaitement vaines. Mais ce qui importe par-dessus tout, c’est de ne pas choquer les consciences faibles, de ne pas les troubler, de ne pas raisonner avec elles. Que celui dont la conscience est éclairée ne méprise pas celui dont la conscience est faible. Que la conscience timorée ne se permette pas de juger la conscience large. Que chacun suive son propre jugement ; le bien est ce qu’on croit le bien devant Dieu. Comment ose-t-on juger son frère ? C’est Christ qui nous jugera tous ; chacun n’aura à répondre que pour son propre compte. La distinction des viandes ne repose sur rien ; tout est pur. Mais ce qui importe, c’est de ne pas causer de scandale à son frère. Si, en mangeant les viandes permises, tu

  1. Dan., i, 8, 12 ; Jos., Vita, 2, 3.
  2. Voir ci-dessus, p. 398 et suiv.