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Tout cela, il faut l’avouer, ressemble bien au système artificiel de défense d’un accusé qui, pour répondre à des objections, est obligé d’imaginer un ensemble de faits qui ne se rattache à rien de connu. Ces hypothèses isolées, sans épaulement ni arrachement dans ce que l’on sait d’ailleurs, sont en justice le signe de la culpabilité, en critique le signe de l’apocryphe. Même en accordant la possibilité de ce nouveau voyage dans l’Archipel, on aurait encore une peine infinie à faire concorder les circonstances des trois épîtres ; les allées et les venues seraient très-peu justifiées. Mais une telle discussion est inutile ; il est évident, en effet, que l’auteur de la seconde à Timothée entend bien parler de la captivité mentionnée par les Actes, et à laquelle se rapportent les épîtres aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon. Le rapprochement de II Tim., iv, 9-22, avec les finales des épîtres aux Colossiens et à Philémon le prouve. Le personnel qui entoure l’apôtre est à peu près identique dans les deux cas. La captivité du sein de laquelle Paul est censé écrire la seconde à Timothée finira par une libération (II Tim., iv, 17-18) ; Paul, dans cette épître, est plein d’espérance ; il médite de nouveaux desseins et est préoccupé de la pensée qui le remplit en effet pendant toute sa première (et unique) captivité,