Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/519

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quelques-uns des asiarques[1], qui le connaissaient, l’engagèrent aussi à ne pas commettre une telle imprudence. Les cris les plus divers se croisaient dans le théâtre ; la plupart ne savaient pas pourquoi on était rassemblé. Il y avait beaucoup de juifs, lesquels mirent en avant un certain Alexandre[2] ; celui-ci fit signe de la main pour demander le silence ; mais, quand on le reconnut pour juif, le tumulte redoubla ; pendant deux heures, on n’entendit d’autre cri que « Vive la grande Artémis d’Éphèse ! » Ce fut avec peine que le chancelier de la ville[3] parvint à se faire écouter. Il représenta l’honneur de la grande Artémis comme hors de toute atteinte, engagea Démétrius et ses ouvriers à faire un procès à ceux dont ils croyaient avoir à se plaindre, supplia tout le monde de rentrer dans les voies légales, et montra les conséquences que pourraient avoir pour la ville de tels mouvements séditieux, qu’on ne pourrait justifier aux

  1. Il y avait plusieurs asiarques à la fois. Voir les passages de Strabon et d’Ælius Aristide, cités ci-dessus, p. 353, note 1. Du reste, quand on avait été une fois asiarque, on en gardait le titre. Voir les inscriptions citées ci-dessus, p. 353, note 1, et Perrot, De Gal. prov. rom., p. 156 et suiv.
  2. Le rôle de cet Alexandre reste, dans le récit des Actes, tout à fait indécis.
  3. Γραμματεύς, charge importante dans les villes d’Asie. Vaillant, Num. gr. imp. rom., p. 313-314.