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était l’obligation de l’aumône. L’Église de Jérusalem, en partie par la faute de ceux qui la composaient, était toujours dans la détresse. Les mendiants y abondaient[1]. À une époque plus ancienne, ce qui avait caractérisé la société juive, c’est qu’il n’y avait chez elle ni misère ni grandes fortunes. Depuis deux ou trois siècles, il y avait à Jérusalem des riches et par conséquent des pauvres. Le vrai juif, tournant le dos à la civilisation profane, devenait de jour en jour plus dénué de ressources. Les travaux publics d’Agrippa II avaient rempli la ville de maçons affamés ; on démolissait uniquement pour ne pas laisser sans ouvrage des milliers d’ouvriers[2]. Les apôtres et leur entourage souffraient comme tout le monde de cet état de choses. Il fallait que les Églises suffragantes, actives, laborieuses, empêchassent ces saintes gens de mourir de faim[3]. Tout en supportant impatiemment les prétentions des frères de Judée, on n’en reconnaissait pas moins, dans les provinces, leur suprématie et leurs titres de noblesse. Paul avait pour eux les plus grands égards. « Vous êtes leurs débiteurs, disait-il à ses fidèles ; si les gentils sont devenus les copartageants des saints de Judée dans

  1. Rom., xv, 26.
  2. Jos., Ant., XX, ix, 7.
  3. Act., xi, 29-30 ; II Cor., ix, 12.