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semblance on fait pour les obtenir ! D’abord, ce prétendu voyage épisodique, si court que l’auteur des Actes n’aurait pas jugé à propos d’en parler, aurait été très-considérable, puisqu’il aurait renfermé un voyage en Macédoine, un voyage en Crète, un séjour à Corinthe, un hivernage à Nicopolis. Cela ferait près d’un an. Comment alors l’auteur des Actes dit-il que le séjour de Paul à Éphèse fut continu durant trois ans (Act., xix, 8, 10 ; xx, 31[1]) ? Ces expressions n’excluraient pas sans doute de petites absences, mais elles excluent une série de voyages. En outre, dans l’hypothèse que nous discutons, le voyage de Nicopolis aurait eu lieu avant la seconde épître aux Corinthiens[2]. Or, dans cette épître, Paul déclare que Corinthe est, à la date où il écrit, le point extrême

    en admettant que μεχρὶ τοῦ Ἰλλυρικοῦ implique que Paul a été très-près de l’Illyrie, le fait qu’il aurait été à Nicopolis n’avance en rien la question. L’Ἰλλυρικόν, en quelque sens qu’on prenne le mot, ne descendait pas plus bas que les monts Acrocérauniens. L’Épire n’a jamais fait partie, au moins dans les temps du haut empire, de la province d’Illyrie ni de l’Ἰλλυρικόν en aucun sens. La province prétorienne d’Illyria juxta Epirum, haute Albanie actuelle (Strabon, XVII, iii, 25), avait pour limites les monts Acrocérauniens, le mont Scardus et le Drilo. À Bérée, Paul était plus près de l’Illyrie qu’il ne l’eût été à Nicopolis.

  1. Τριετίαν νύκτα καὶ ἡμέραν οὐκ ἐπαυσάμην μετὰ δακρύων νουθετῶν ἕνα ἕκαστον.
  2. Voir ci-dessous, p. 430 et suiv.