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Il ne faut pas en douter : c’est une condamnation à mort que Paul prononce[1]. De terribles légendes circulaient sur l’effet des excommunications[2]. Il faut se rappeler, d’ailleurs, que Paul croyait sérieusement faire des miracles. En ne livrant à Satan que le corps du coupable, il crut sans doute être indulgent.

L’ordre que Paul avait donné dans une précédente lettre (perdue) aux Corinthiens d’éviter tout rapport avec les impudiques avait amené des malentendus. Paul développe sa pensée[3]. Le chrétien n’a pas à juger les gens du dehors, mais pour ceux du dedans il doit être sévère. Une seule tache à la pureté de la vie doit suffire pour qu’on soit exclu de la société ; défense est faite de manger avec le délinquant. C’est, on le voit, à un couvent, à une congrégation de pieuses personnes occupées à se surveiller et à se juger, bien plus qu’à une église, dans le sens moderne du mot, qu’une telle organisation nous reporte. Toute l’Église, aux yeux de l’apôtre, est responsable des fautes qui se commettent dans son sein. Cette exagération de rigorisme avait sa raison d’être dans la société antique, qui péchait par de tout autres

  1. Cf. I Tim., i, 20. Voir les Apôtres, p. 87 et suiv.
  2. Act., v, 1-11. Comp. Act., xiii, 9-11.
  3. I Cor., v, 9 et suiv.