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années entre la première à Timothée et celle à Tite d’une part, et la deuxième à Timothée d’autre part. Cela ne se peut. Les trois écrits se copient l’un l’autre ; or, comment supposer qu’à cinq ou six ans d’intervalle, Paul, écrivant à un ami, fasse des emprunts à de vieilles lettres ? Est-ce là un procédé digne de ce maître en l’art épistolaire, si ardent, si riche en idées ? La seconde hypothèse, comme la première, est donc un tissu d’invraisemblances. Le verset I Tim., i, 3, est un cercle d’où l’apologiste ne peut sortir ; ce verset crée une impossibilité dans la biographie de saint Paul. Il faudrait trouver une circonstance où Paul allant en Macédoine n’aurait fait que toucher à Éphèse ; cette circonstance n’existe pas dans la vie de saint Paul avant sa prison. Ajoutons que, quand Paul est censé écrire l’épître en question, l’Église d’Éphèse possède une organisation complète, des anciens, des diacres, des diaconesses[1] ; cette Église offre même les phénomènes ordinaires d’une communauté déjà vieille, des schismes, des erreurs[2] ; rien de tout cela ne convient aux temps de la troisième mission[3]. Si la première à

  1. I Tim., iii, 15 ; v, 9, 17, 19-20.
  2. I Tim.,i.
  3. Notez, en particulier, Act., xx, 29 et suiv., où les erreurs sont montrées dans l’avenir.