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Ses disciples du même coup furent appelés nicolaïtes[1]. Loin d’oublier son rôle de persécuteur, on y insista de la façon la plus odieuse[2]. Son Évangile fut un faux Évangile[3]. C’est de Paul qu’il fut question, quand les fanatiques du parti s’entretinrent entre eux à mots couverts d’un personnage qu’ils appelaient « l’apostat[4] », ou « l’homme ennemi[5] », ou « l’imposteur », précurseur de l’Antechrist, que le chef des apôtres suit à la piste pour réparer le mal qu’il fait[6]. Paul fut « l’homme frivole », dont les gentils, vu leur ignorance, ont reçu la doctrine ennemie de la Loi[7] ; ses visions, qu’il appelait « les profondeurs de Dieu », on les qualifia « profondeurs de Satan[8] » ; ses Églises, on les appela « les synagogues de Satan[9] » ; en haine de Paul, on proclama hautement que les Douze seuls sont le fondement de l’édifice du Christ[10].

  1. Apoc., ii, 6, 14-15.
  2. Récognitions, I, 70-71.
  3. Homél. pseudo-clém., ii, 17.
  4. Irénée, Adv. hær., I, xxvi, 2.
  5. Lettre de Pierre à Jacques, en tête des Homélies pseudo-clémentines, § 2. Cf. hom. xvii, 19.
  6. Hom., ii, 17 ; iii, 59.
  7. Lettre de Pierre à Jacques, § 2.
  8. Apoc., ii, 24 ; cf. I Cor., ii, 10.
  9. Apoc., ii, 9 ; iii, 9.
  10. Apoc., xxi, 14 ; cf. xviii, 20.