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partout et toujours occupé à le combattre[1]. On s’habitua à désigner l’apôtre des gentils par le sobriquet de Nicolas (vainqueur du peuple), traduction approximative de Balaam[2]. Ce sobriquet fit fortune : un séducteur païen, qui eut des visions quoique infidèle[3], un homme qui engageait le peuple à pécher avec des filles païennes[4], parut le vrai type de Paul, ce faux visionnaire, ce partisan des mariages mixtes[5].

    surtout hom. ii, 17 ; iii, 59 ; vii, 4, 8 ; Recogn., IV, 36 ; épître de Pierre à Jacques (en tête des Hom.), 2 ; attestation (ibid.), 1.

  1. Homélies pseudo-clém., iii, 59.
  2. Comp. une étymologie analogue de Balaam : Talm. de Bab., Sanhédrin, 105 a. Une relation vague entre Balaam et Nicolas ou Onkelos se trouve même dans le Talmud : Bab., Gittin, 57 a (cf. Geiger, Jüdische Zeitschrift, 6e année, p. 36-37). Comparez le nom d’Armillus ou Ἑρμόλαος donné à l’Antechrist chez les juifs.
  3. Voir ci-dessus, p. 293-294.
  4. Nombr., xxxi, 16 ; Jos., Ant., IV, vi, 6. Pour les associations d’idées que les judéo-chrétiens établissaient autour de πορνεία, voir les passages de l’Apocalypse et de l’épître de Jude, précités (p. 303), sans oublier Act., xv, 20 ; xxi, 25, et Gal., v, 19-21. Voir ci-dessus, p. 90, 301-303, et ci-dessous, p. 367-369, 395 et suiv., 509. Cette πορνεία en relation avec Balaam est l’étincelle électrique qui fait suivre dans les ténèbres le courant de haine contre Paul.
  5. Plus tard, dans le judaïsme, Jésus (plus ou moins confondu avec Paul) fut quelquefois, autant qu’il semble, désigné à mots couverts sous ce même nom de Balaam. Mischna, Sanhédrin, xi, 1, et la Gémare de Jérusalem, correspondante ; Mischna, Aboth, v, 19 ; Siphré, vers la fin ; Talm. de Bab., Gittin, 57 a (cf. Geiger, Jüdische Zeitschrift, 6e année, p. 31 et suiv.).