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lui[1]. " Ce sont des grondeurs chagrins, marchant selon leurs désirs, dont la bouche est pleine d’emphase, faisant acception de personnes en vue de leur intérêt propre, des auteurs de schismes, des gens obéissant aux instincts de la vie animale, n’ayant pas l’esprit. Mais, vous, très-chers, souvenez-vous de ce que vous ont dit les apôtres de Notre-Seigneur Jésus-Christ : " Au dernier temps, paraîtront des railleurs, marchant selon leurs désirs impies… " »

Paul, à partir de ce moment, fut pour toute une fraction de l’Église un hérétique des plus dangereux, un faux juif[2], un faux apôtre[3], un faux prophète[4], un nouveau Balaam[5], une Jézabel[6], un scélérat qui préludait à la destruction du temple[7], pour tout dire en deux mots, un Simon le Magicien[8]. Pierre fut censé

  1. Hénoch, i, 9 (division de Dillmann).
  2. Apoc., ii, 9 ; iii, 9.
  3. Apoc., ii, 2.
  4. Apoc., ii, 20.
  5. Jud., 11 ; II Petri, ii, 15 ; Apoc., ii, 2, 6, 14-15.
  6. Apoc., ii, 20.
  7. Homél. pseudo-clém., ii, 17.
  8. Il n’est pas douteux que, sous le personnage de Simon le Magicien, l’auteur des Homélies pseudo-clémentines ne veuille désigner souvent l’apôtre Paul. Voir surtout hom. xvii, § 19 : ἀνθέστηκάς μοι et le passage Ἢ εἰ κατεγνωσμένον με λέγεις… sont une allusion évidente à Gal., ii, 11 et i, 16. Comp. aussi hom. xvii, 12-17, à I Cor., xii, 1 (ὀπτασίας, ἀποκαλύψεις) ; hom. ii, 17, à Act., xxi, 28. Les Homélies pseudo-clémentines parurent à Rome vers l’an 150 ou 160. Pour leur caractère d’hostilité contre Paul, voir