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sortis du même sein ou de la même famille aient été d’abord ennemis, puis se soient réconciliés, pour rester si profondément divers que le seul frère bien connu de Jésus aurait été une sorte de pharisien, un ascète extérieur, un dévot entaché de tous les ridicules que Jésus poursuivit sans relâche. Ce qu’il y a de sûr, c’est que le personnage qu’on nommait à cette époque « Jacques, frère du Seigneur », ou « Jacques le Juste », ou « Rempart du peuple[1] », était, dans l’Église de Jérusalem, le représentant du parti juif le plus intolérant. Pendant que les apôtres actifs couraient le monde pour le conquérir à Jésus, le frère de Jésus, à Jérusalem, faisait tout ce qu’il fallait pour détruire leur ouvrage et contredire Jésus après sa mort d’une façon plus profonde peut-être qu’il ne l’avait fait de son vivant.

Cette société de pharisiens mal convertis, ce monde en réalité plus juif que chrétien, vivant autour du temple, conservant les vieilles pratiques de la piété

  1. Nous laissons en suspens la question de savoir si ce Jacques est identique à Jacques, fils d’Alphée, ou le Mineur, l’un des Douze. La question n’est pas de première importance pour notre sujet actuel, puisque, dans l’hypothèse de la distinction des deux personnages, Jacques, fils d’Alphée, l’apôtre, reste un personnage tout à fait obscur. Quant à Jacques, fils de Zébédée, ou Jacques le Majeur, sa personne se détache de ses homonymes avec une parfaite clarté.