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l’Église s’astreignit sur ce point à de sévères précautions ; mais à l’origine ce fut là un rit essentiel, inséparable de l’Eucharistie et complétant la haute signification de ce symbole de paix et d’amour[1]. Quelques-uns s’en privaient les jours de jeûne, en signe de deuil et d’austérité[2].

La première Église cénobitique de Jérusalem rompait le pain tous les jours[3]. On en était venu, vingt ou trente ans après, à ne célébrer le festin sacré qu’une fois par semaine. Cette célébration avait lieu le soir[4], et, selon l’usage juif[5], à la clarté de nombreuses lampes[6]. Le jour choisi pour cela était le lendemain du sabbat, le premier jour de la semaine. On l’appelait le « jour du Seigneur » en souvenir de la résurrection[7], et aussi parce que l’on croyait qu’à

  1. Dionys. Areop., De eccl. hierarch., ch. iii, contempl. 8.
  2. Tertullien, De orat., 14.
  3. Act., ii, 46.
  4. Act., xx, 7 et suiv. ; Tertullien, Apolog., 39.
  5. Usage actuel du vendredi soir.
  6. Act., xx, 8, Tertullien, Apolog., 39. Il est probable que l’usage de célébrer les mystères avant le lever du soleil vint des persécutions. Tertullien, Apolog., 2 ; Ad uxorem, II, 4 ; De cormil., 3 ; De fuga in persec., 14 ; Minutius Félix, Oct., 8. Pline, Epist., X, 97, distingue la réunion ante lucem de la réunion pour le repas.
  7. Jean, xx, 26 ; Apoc., i, 10 ; I Cor., xvi, 2 ; Act., xx, 7, 11