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de l’office du dimanche. Et ce n’était pas seulement au moment de sa réception qu’une lettre servait ainsi à l’édification des frères ; mise en dépôt dans les archives de l’Église, elle en était tirée les jours de réunion pour être lue comme un document sacré et un perpétuel enseignement[1]. L’épître fut ainsi la forme de la littérature chrétienne primitive, forme admirable, parfaitement appropriée à l’état du temps et aux aptitudes naturelles de Paul.

L’état de la secte nouvelle, en effet, ne comportait nullement des livres suivis. Le christianisme naissant fut tout à fait dégagé de textes[2]. Les hymnes eux-mêmes procédaient de chacun et ne s’écrivaient pas. On se croyait à la veille de la catastrophe finale. Les livres sacrés, ce qu’on appelait « les Écritures », c’étaient les livres de l’ancienne Loi ; Jésus n’y avait pas ajouté de livre nouveau ; il devait venir pour accomplir les Écritures antiques et ouvrir un âge où il serait lui-même le livre vivant. Des lettres de consolation et d’encouragement étaient tout ce qui pouvait se produire en un pareil état des esprits. Si déjà, vers l’époque où nous sommes arrivés, il y avait plus d’un petit livret, destiné à soulager la

  1. Denys de Cor., dans Eus., H. E., IV, 23.
  2. Justin, Apol. I, 67, est d’un siècle plus avancé.