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nique était le modèle qu’il ne cessait de prêcher[1] et vers lequel il se reportait toujours. L’Église de Philippes, avec ses femmes pieuses, sa riche et bonne Lydienne, ne se laissait pas non plus oublier. Cette Église, ainsi qu’on l’a vu, jouissait d’un privilège singulier, c’était de nourrir l’apôtre, quand son travail n’y suffisait pas. À Corinthe, il reçut d’elle de nouveaux secours. Comme si la nature un peu légère des Corinthiens, et en général des Grecs, lui avait inspiré de la défiance, il ne voulut leur rien devoir sous ce rapport, quoique plus d’une fois il se fût trouvé dans le besoin durant son séjour parmi eux[2].

Il était difficile cependant que la colère des juifs orthodoxes, toujours si active, ne suscitât pas quelque orage. Les prédications de l’apôtre aux gentils, ses larges principes sur l’adoption de tous ceux qui croient et leur incorporation en la famille d’Abraham, irritaient au plus haut degré les partisans du privilège exclusif des enfants d’Israël. L’apôtre, de son côté, ne leur épargnait guère les paroles dures : il leur annonçait que la colère de Dieu allait éclater contre eux[3]. Les juifs eurent recours à l’autorité

  1. I Thess., i, 7 et suiv. ; II Thess., i, 4.
  2. I Cor., ix, 4 et suiv. ; II Cor., xi, 8 et suiv. ; xii, 13, 14, 16 ; Phil., iv, 15.
  3. I Thess., ii, 14-16 ; II Thess., i, 6-8 ; II Cor., iii, 14-16.