Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grand développement de la religion ne nuisait pas à la culture rationnelle. Athènes pouvait être à la fois la ville la plus religieuse du monde, le Panthéon de la Grèce, et la ville des philosophes. Quand on voit au théâtre de Dionysos les fauteuils de marbre qui entourent l’orchestre portant tous le nom du sacerdoce dont le titulaire devait y siéger, on dirait que ce fut ici une ville de prêtres ; et pourtant ce fut avant tout la ville des libres penseurs. Les cultes dont il s’agit n’avaient ni dogmes ni livres sacrés ; ils n’avaient pas pour la physique l’horreur que le christianisme a toujours eue et qui l’a porté à persécuter la recherche positive. Le prêtre et l’épicurien atomiste, sauf quelques brouilles[1], faisaient ensemble assez bon ménage. Les vrais Grecs se contentaient parfaitement de ces accords fondés non sur la logique, mais sur une tolérance mutuelle et sur de mutuels égards.

C’était là pour Paul un théâtre d’un genre tout nouveau. Les villes où il avait prêché jusqu’alors étaient pour la plupart des villes industrielles, des espèces de Livourne ou de Trieste, ayant de grandes juiveries, plutôt que des centres brillants, des villes de

    epist. Phil.), 17 (Vœmel) ; Élien, V. H., V, 13 ; Scoliaste de Thucydide, III, 38 ; Scol. d’Aristophane, Plutus, 338.

  1. Himerius, Ecloga iii ex Photio, cod. ccxliii (p. 8-11, édit. Didot).