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connue[1]. Si dès lors tout le monde croyait que l’épître dont il s’agit avait été adressée aux Ephésiens[2], c’était en vertu du titre, non en vertu de la suscription. Un homme qui, malgré l’esprit d’à priori dogmatique qu’il porta souvent dans la correction des livres saints, eut souvent des éclairs de vraie critique, Marcion (vers 150), voulait que l’épître dite aux Éphésiens fût l’épître aux Laodicéens dont saint Paul parle dans l’épître aux Colossiens[3]. Ce qui paraît le plus vrai, c’est que l’épître dite aux Éphésiens n’a été adressée à aucune Église déterminée ; que, si elle est de saint Paul, c’est une simple lettre circulaire destinée aux Églises d’Asie composées de païens convertis. La suscription de ces lettres, copiées à plusieurs exemplaires, pouvait offrir, après les mots τοῖς οὖσιν, un blanc destiné à recevoir le nom de

  1. Origène, passage tiré d’une Chaîne, dans Tischendorf, Nov. Test., 7e édition (Leipzig, 1859), p. 441, note ; Tertullien Contre Marcion, V, 11, 17 (passages qui supposent que ni Marcion ni Tertullien n’avaient les mots ἐν Ἐφέσῳ dans leurs manuscrits au verset 1. Sans cela, 1o on ne concevrait pas l’opinion de Marcion ; 2o Tertullien l’accablerait avec ce texte ; or, Tertullien combat Marcion seulement avec le titre πρὸς Ἐφεσίους et avec l’autorité de l’Église) ; saint Jérôme, In Eph., i, 1, où quidam se rapporte sans doute à Origène.
  2. Voir ci-dessous, p. xxiii, note 1.
  3. Tertullien, l. c. Comparez, cependant, Épiph., hær. xlii, 9, 11, 12 ; Canon de Muratori, lignes 62-67.