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mains de son abbé[1]. L’idéal du « disciple » n’a jamais été si parfaitement réalisé : Luc est à la lettre fasciné par l’ascendant de Paul. Sa bonhomie d’homme du peuple éclate sans cesse ; son rêve lui présente toujours comme modèle de perfection et de bonheur un brave homme, bien maître dans sa famille dont il est comme le père spirituel, juif de cœur, se convertissant avec toute sa maison[2]. Il aimait les officiers romains et volontiers les croyait vertueux : une des choses qu’il admire le plus est un bon centurion, pieux, bienveillant pour les juifs, bien servi, bien obéi[3] ; il avait probablement étudié l’armée romaine à Philippes, et en avait été très-frappé ; il supposait naïvement que la discipline et la hiérarchie sont choses d’un ordre moral. Son estime pour les fonctionnaires romains est grande aussi[4]. Son titre de médecin[5] suppose qu’il avait des connaissances, ce que ses écrits prouveraient du reste,

  1. Comparez le récit Act., xxvii-xxviii, surtout xxvii, 11, 21 et suiv., aux récits relatifs à saint Brandan.
  2. Act., x, 2, 24 ; xvi, 15, 33, 34 ; xviii, 8.
  3. Act., ix, 1 et suiv. ; Luc, vii, 4-5. Comp. Act., xxvii, 3 et suiv.
  4. Voir les Apôtres, p. xxii et suiv. ; 203, note 1 ; et ci-dessus, p. 16, note 1. Son système est de montrer toujours Paul sauvé des mains des juifs par les Romains. Act., xxi, xxii, xxiii, etc.
  5. Col., iv, 14.