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embarras. Il craignit que, dans les rapports avec les juifs, l’état d’incirconcis où était Timothée ne fût une cause de répulsion et de trouble. On savait en effet partout que son père était païen. Une foule de personnes timorées ne voudraient pas avoir de commerce avec lui ; les querelles qu’avait à peine assoupies l’entrevue de Jérusalem pouvaient renaître. Paul se rappela les difficultés qu’il avait éprouvées à propos de Titus ; il résolut de les prévenir, et, pour éviter d’être amené à faire plus tard une concession à des principes qu’il repoussait, il circoncit lui-même Timothée[1]. Cela était tout à fait conforme aux principes qui l’avaient guidé dans l’affaire de Titus[2] et qu’il pratiqua toujours[3]. On ne l’eût jamais amené à dire que la circoncision était nécessaire au salut ; à ses yeux, c’eût été là une erreur de foi. Mais, la circoncision n’étant pas une chose mauvaise, il pensait qu’on pouvait la pratiquer pour éviter le scandale et le schisme. Sa grande règle était que l’apôtre doit se faire tout à tous, et se plier aux préjugés de ceux qu’il veut gagner, quand ces préjugés en eux-mêmes ne sont que frivoles et n’ont rien d’absolument répré-

  1. Act., xvi, 3. Ceci montre bien ce qu’il y a d’exagéré et de convenu en xv, 41 et xvi, 4.
  2. Gal., ii, 3-5. Voir ci-dessus, p. 87 et suiv.
  3. I Cor., ix, 20 et suiv. ; Rom., xv, 1 et suiv.