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réfugièrent à Corinthe, où bientôt nous allons les voir en rapport avec saint Paul, dont ils deviendront les amis intimes et les collaborateurs zélés. Aquila et Priscille sont ainsi les deux plus anciens membres connus de l’Église de Rome[1]. Ils y ont à peine un souvenir[2] ! La légende, toujours injuste, car toujours elle est dominée par les motifs politiques, a chassé du panthéon chrétien ces deux obscurs ouvriers, pour attribuer l’honneur de la fondation de l’Église de Rome à un nom plus illustre, répondant mieux aux orgueilleuses prétentions de domination universelle que la capitale de l’empire, devenue chrétienne

  1. Les Actes (xviii, 2) ne disent pas, il est vrai, qu’ils fussent chrétiens quand saint Paul les rencontra. Mais ils ne disent pas non plus que Paul les ait convertis, et le contraire paraît plutôt résulter du récit canonique. Il semble bien que l’édit de Claude s’appliqua à ceux-là seuls qui avaient pris part aux rixes ; or, est-il admissible que ce couple apostolique ait fait partie des adversaires de « Chrestus » ? Impossible qu’ils fussent devenus chrétiens à Corinthe : ils venaient d’y arriver quand Paul les rencontra, et d’ailleurs il n’y avait pas d’Église à Corinthe avant l’arrivée de Paul (I Cor., iii, 6-10 ; iv, 14, 15 ; ix, 1, 2 ; II Cor., xi, 2, etc.
  2. L’attribution de l’ancien « titre de sainte Prisque », sur l’Aventin, à Priscille, femme d’Aquila, est le résultat d’une confusion. V. de Rossi (Bull, di arch. crist., 1867, p. 44 et suiv.), qui ne réussit à faire remonter cette identification que jusqu’au viiie siècle.