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l’Aventin, jetaient les yeux de l’autre côté du Tibre, ne se doutaient pas que l’avenir se préparait dans ce tas de pauvres maisons, au pied du Janicule[1]. Le jour où, sous le règne de Claude, quelque juif initié aux croyances nouvelles mit pied à terre vis-à-vis de l’emporium, ce jour-là, personne ne sut dans Rome que le fondateur d’un second empire, un autre Romulus, logeait au port sur de la paille[2]. Près du port était une sorte de garni, bien connu du peuple et des soldats, sous le nom de Taberna meritoria. On y montrait, pour attirer les badauds, une prétendue source d’huile sortant du rocher. De très-bonne heure, cette source d’huile fut tenue par les chrétiens pour symbolique : on prétendit que son apparition avait coïncidé avec la naissance de Jésus[3]. Il semble que plus tard on fit une église de la Taberna[4]. Qui sait si les plus anciens souvenirs du christianisme ne se rattachaient pas à cette auberge ? Sous Alexandre Sévère, nous voyons les chrétiens et les aubergistes

  1. Cf. Tacite, Hist., V, 5.
  2. Cf. Juvénal, iii, 14 ; vi, 542.
  3. Orose, VI, 18, 20 ; Petit martyrologe romain (édit. Rosweyde), au 9 juillet. Voir Forcellini, au mot meritorius.
  4. La tradition romaine veut que l’église Sainte-Marie du Transtévère ait succédé à la Taberna. Voir Nardini, Roma antica, III, 336-337 ; Platner et Bunsen, III, 3e partie, p. 659-660.