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rissoirs y étaient relégués[1]. Aussi les malheureux vivaient-ils assez tranquilles, dans ce coin perdu, au milieu des ballots de marchandises, des auberges infimes et des porteurs de litière (Syri), qui avaient là leur quartier général[2]. La police n’y entrait que quand les rixes étaient sanglantes ou se répétaient trop souvent. Peu de quartiers de Rome étaient aussi libres ; la politique n’avait rien à y voir. Non-seulement le culte en temps ordinaire s’y pratiquait sans obstacle, mais encore la propagande s’y faisait avec toute facilité[3].

Protégés par le dédain qu’ils inspiraient, peu sensibles d’ailleurs aux railleries des gens du monde, les juifs du Transtévère avaient ainsi une vie religieuse et sociale fort active. Ils possédaient des écoles de hakamim[4] ; nulle part la partie rituelle et cérémonielle de la loi n’était observée avec plus de scrupule[5] ; les synagogues offraient l’organisation la

  1. Nardini, Roma antica, III, p. 328-330 (4e édit.) ; Martial, VI, xciii, 4.
  2. Castra lecticariorum, dans les traités De regionibus urbis Romæ, regio xiv : Canina, Roma antica, p. 553-554. Cf. Forcellini, au mot lecticarius. Le Syrus des comédies latines est d’ordinaire un lecticarius.
  3. Josèphe, Ant., XIV, x, 8 ; Act., xxviii, 31.
  4. Corp. inscr. gr., no 9908 ; Garrucci, Cimitero, p. 57-58.
  5. Cf. Hor., Sat., I, ix, 69 et suiv. ; Suétone, Aug., 76 ; Sénèque,