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Dieu a purifié ? Pourquoi imposer aux néophytes un joug que la race d’Israël n’avait pu porter ? C’est par Jésus qu’on est sauvé et non par la Loi[1]. Paul et Barnabé racontaient à l’appui de cette thèse les miracles que Dieu avait faits pour la conversion des gentils[2]. Mais les pharisiens objectaient avec non moins de force que la Loi n’était pas abolie, qu’on ne cessait jamais d’être juif, que les obligations du juif restaient toujours les mêmes. Ils refusaient d’avoir des rapports avec Titus, qui était incirconcis ; ils traitaient ouvertement Paul d’infidèle et d’ennemi de la Loi.

Le trait le plus admirable de l’histoire des origines du christianisme est que cette division profonde, radicale, portant sur un point de première importance, n’ait pas occasionné dans l’Église un schisme complet, qui eût été sa perte. L’esprit cassant et exagéré de Paul avait ici une redoutable occasion de se montrer ; son bon sens pratique, sa sagesse, son jugement remédièrent à tout. Les deux partis furent vifs, animés, presque durs l’un pour l’autre ; personne ne renonça à son avis, la question ne fut pas résolue, on resta uni dans l’œuvre commune. Un

  1. Act., xv, 7 et suiv.
  2. Act., xv, 12.